Lettre de Huo Dʒevkjan

Au front, ville de Dʒengmawen

Cher Izei,

La guerre a été enfin déclarée. Je ne le souhaitait pas mais il en est ainsi. Je t’écris donc du front, de mon côté pour avoir de tes nouvelles. On savait déjà qu’elle allait éclater un moment ou un autre mais je ne souhaitais pas qu’elle prenne une telle ampleur. Hier j’ai vu des dragonniers sur le champ de bataille. Je sais que le Xion n’était pas un pays qui allait survivre. Il n’a aucun rivage, il est composé de trois cultures : les Tjokeriens, les Hongbeiling et les Mohrenniens qui ont chacun leur pays et n’ont rien à voir entre eux, et en plus le Xion est un pays faible et pauvre. Mais pourquoi ce sont les Tjokeriens en premier ? J’ai pourtant toi comme ami à travers la frontière…

La ville de Dʒengmawen est une ville nouvelle, qui a été créée il y a quelques dizaines d’années, et donc la ville a été conçue logiquement. Or, cette logique joue à notre désavantage : les places fortes en hauteur ont été conçues assez libres, afin de pouvoir lancer nos Kuoming mais ils ne sont même pas arrivés. On est donc acculé et bombardé, et c’est très simple. La seule chose que j’espère est que tu ne fais pas partie des dragonniers qui nous attaquent.

Mais je sais que tu as tout fait pour ne pas faire partie de cette guerre. Je suis sûr que dès que tu as eu vent du début de la guerre tu as préparé un plan d’évacuation. Derrière ton masque de bouffon du roi, tu es très calculateur, je le sais.  Avec ton groupe d’amis, tu as sûrement prévu une sortie de secours, et je sais que cette lettre arrivera à toi même si tu es en cavale.

En effet, j’ai fait appel à Weng, tu le connais, il y arrivera. Il nous est toujours redevable pour la fois où on l’avait sauvé lors de son voyage vers les Terres de l’Ouest, on lui avait pourtant dit que traverser les Negraja est tout bonnement impossible ! Il tentait, te souviens-tu, d’atteindre le Pays des Hommes de l’Ouest, mais on l’avait prévenu que c’était impossible : au sud il y a les Negraja, au centre l’Empire Hongbeilingfeizi et au nord la Jungle.  Je lui ai donc demandé de te faire parvenir cette lettre. Elle a sûrement dû traverser les terres Posedeinoènnes et ensuite parvenir dans le pays Tjokerien par l’Est, parvenir à la capitale puis sur le front. Si tu n’es pas sur le front, tu connais son talent extraordinaire pour trouver des personnes.

D’ailleurs, je viens d’apprendre que j’avais en effet des origines Otsiennes. On le savait déjà avec mon étrange couleur de cheveux, le bleu souviens-toi, mais c’est confirmé désormais : j’ai découvert que mon Arrière-Grand-Père paternel était un réfugié de la guerre entre les cités de Orgonaos et Posedeinos, il a grandi dans cette dernière. A cette époque, il y avait beaucoup de conflits internes à cause de la chute de l’empire Fjalik et donc le bassin était très divisé mais heureusement aujourd’hui c’est plus stable. Enfin, je continue toujours à envier ton ascendance, fils des dragons.

Ça doit être tout ce que j’ai d’important à te dire, le reste ce sont des problèmes domestiques ou des choses que je t’ai déjà dites.  Bref, j’espère que tu te porte bien, où que tu sois, et que tu ne t’inquiète pas pour moi : malgré ce que je t’ai dis, la forteresse de Dʒengmawen reste solide et sera dure à percer, même si elle comporte des problèmes de conception.

Dʒuo Gyoda, Thurskajj et Jakja Abörren !

Huo Dʒevkjan