Bly, Magie Noire et Mensonges

DISCLAMER : Cette histoire est basée sur une autre histoire créée par Loppen. Je vous invite à la lire en cliquant sur ce lien.

Ils étaient obligés de déclarer la guerre maintenant ? Nous n’avons même pas eu le temps d’entraîner Roynder proprement. Enfin, on savait qu’elle allait éclater, cette guerre avec le Xion, leurs frontières étranges et leur multiculturalisme faisaient d’eux une cible facile pour leurs trois voisins, nous compris, et donnaient des casus belli idéaux. Surtout que récemment le roi du Xion, Xi Wanduo avait publiquement décrié les dragons comme des ‘‘abominations de la natures, qui devraient disparaître comme les Wyvernes du Kajial, quelque chose d’impossible à ignorer pour nous, Tjokeriens, le peuple des dragons, ce qui est même l’étymologie du mot : Tjokern signifie ‘‘peuple’’ et Anrigen signifie ‘‘Dragon’’.

Tous les couloirs se ressemblent. Il faut absolument que j’arrive à cacher notre fuite. Mais comment ? Ma meilleure idée est le fait qu’on soit tous partis chez Royner pour qu’elle puisse revoir sa famille, mais ça n’a premièrement aucun sens : pourquoi partirais-t-on ? Et puis en plus on n’a pas le droit de faire cela, il est stipulé dans les règles de la Dragonnerie que toute sortie n’est autorisée que dans le cas d’une autorisation personnelle et exceptionnelle du roi. Ça ne passerait jamais, on est en temps de guerre, ce sera pris comme une mutinerie. La seule façon valable serait de cacher notre sortie. Mais comment ? Ils vont bien se rendre compte qu’on est pas là à un moment ou un autre !

Enfin dans ma chambre. Je pourrais mieux réfléchir. C’est la pause du Souper. Pour l’instant personne ne peut remarquer notre absence, ceux qui ne nous voient pas à la Restauration nous croiront à l’Écurie et ceux qui ne nous voient pas à l’Écurie nous croiront à la Restauration. Mais ce n’est plus que question de temps avant qu’ils ne se rendent compte du paradoxe engendré par cela. Mais comment faire ? Je commence à désespérer. Il n’y a aucune raison valable. Pourquoi j’ai choisi de faire cela alors que je n’en suis pas capable alors ? Je me croyais capable, mais je crois que je ne suis en réalité pas capable de ce travail. Ils comptent sur moi, je ne peux pourtant pas les décevoir…

‘‘Il reste encore une porte de sortie, Bly. Tu le sais mieux que quiconque.’’

C’est Lalyby. Elle est toujours là quand j’ai des problèmes, mais je ne sais pas si elle sera capable de trouver à une solution à celui-là. Quoique, réfléchir à deux est toujours mieux que seul.

‘‘Que veux-tu dire par là ? Je ne comprends pas.

– Tu n’es pas stupide, je sais que tu avais envisagé cette possibilité, je te connais.’’

Si elle ne me connaissait pas, ce serait inquiétant. Cela fait quand même sept ans qu’on se connaît. Je me rappelle du moment où on s’était rencontré comme si c’était hier.

Je vivais alors encore dans mon petit village dans les montagnes, Puera Albjana. Ce village était à l’origine construit par les Spasoïens, mais finalement ce sont les Tjokeriens qui l’ont capturé après un traité de paix, qui cédait alors à notre pays toute la région de Grajeña, notre village y compris. Mais Puera Albjana, comme beaucoup de villages dans cette région, n’a pas été colonisée par les Tjokeriens, qui ne s’intéressaient qu’aux grandes villes, Puera Galgata, Bjagañara et Ulta Camañera, cette dernière étant la capitale de province. Ainsi, je suis moi-même ethniquement Spasoïen, mais le racisme anti-spasoïen est très présent dans la société. Mes parents avaient essayé de me donner un nom Tjokerien pour tenter de me faire accepter quand même mais mon nom de famille, Nedeara, rendait ces efforts inutiles.

Mais malgré tout, je participais quand même aux festivités de la Fête des Dragons à la capitale avec mon grand frère, même si au même moment il y avait une grande fête Spasoïenne, le Comedoraño, qui commémore l’apparition d’un serpent mythique, Nal Doreno, qui aurait parlé au peuple Spasoïen et leur aurait dit comment se comporter pour devenir un Nal, un serpent volant, après la mort. Chaque année j’étais de plus en plus passionné par les dragons, et je me suis même mis à penser que les dragons et les nals étaient la même bête, mais ma famille s’est énervée lorsque je leur ait dit ça, et à mes dix ans, j’ai été obligé de rester pour le Comedoraño afin de me repentir de mes fautes face à Nal Doreno. Mais je ne suis pas du genre à me laisser faire, et deux semaines avant la Fête des Dragons, j’ai fugué, prenant un Nerega, une bête des montagnes sur laquelle on peut voyager.

Je suis arrivé à la capitale deux jours avant la Fête des Dragons, mais j’ai été confronté à un grave problème de communication, en effet, je ne parlait que très peu le Tjokerien. Alors j’ai pris sur moi, et j’ai décidé de communiquer autrement. C’est par mon langage du corps et mon sourire de tombeur que j’ai réussi à avoir une place à l’auberge, même si j’étais un Spasoïen. Bon, je conçois qu’on m’avait donné la plus petite chambre et la nourriture la plus repoussante à un prix trop élevé, mais je l’ai eu. A ce moment-là je ne pensais plus à mon futur, d’où j’allais vivre, parce que la bourse que j’ai accumulé pendant mes dix ans à Puera Albjana en travaillant à la cueillette des Baies Stonara, notre nourriture de base, était grande, mais pas infinie.

Mais le jour de la Fête des Dragons arriva vite, et j’étais encore en train d’admirer les œufs de dragons comme à chaque année. Il y en avait un qui était vert-jaune que j’appréciais particulièrement, mais je ne savais pas pourquoi. En réalité, c’est parce que l’œuf était de la même couleur que les Baies Stonara. Mais même si je l’aimais bien, je me sentais attiré par lui. J’allais le toucher lorsque je me souvins de ce que mon frère me disait : ‘‘Il ne faut jamais toucher des œufs de dragons, sinon le dragon à l’intérieur ne t’en pardonnera jamais et te mangera dès que tu sera devenu un Nal’’.

Je m’abstins donc mais je vis aussitôt qu’il y avait une fissure. Personne ne semblait l’avoir remarqué mais je voyais la fissure s’élargir. J’étais hypnotisé par ce spectacle, et je vis tout à coup un œil. Je plongea dans son regard comme lui se plongeait dans le mien et alors je ressentis la sensation la plus euphorique de ma vie. C’est totalement impossible à décrire, mais comme Lalyby volait vers moi, j’hurlais :

‘‘Lalyby, tu t’appelle Lalyby ! Sois ma partenaire pour l’éternité et faisons de grandes choses ensemble !’’

Tout le monde se tourna vers moi. Pour eux, j’avais dit ‘‘Lalyby, es naro Lalyby ! Es erño marieño d’oi urana far’ i on mexarun esmo !’’, soit quelque chose d’incompréhensible. Mais les dragonniers, même s’ils n’avaient pas compris les mots, ils avaient compris le sens, et ils allèrent vers moi, et virent Lalyby en position défensive sur mon épaule droite. Ils ralentirent le pas, avec leurs mains en avant comme pour se protéger. Je ne savais pas ce qu’ils faisaient mais je compris plus tard que c’était une façon de signifier au dragon qu’ils ne lui veulent pas de mal. L’un des dragonniers hurla des choses incompréhensibles et quelqu’un accourut. Je pense que le dragonnier avait appelé quelqu’un qui savait parler ma langue comme il s’approchait et me parlait de manière tout à fait compréhensible, mais avec un accent horrible.

Il me demanda alors de le suivre pour aller à la Dragonnerie, où je rencontra le maître de la caserne, Megjal Heljalb, comme j’étais un nouveau dragonnier. Je me souviendrait toujours de son air de dégoût, ou bien de déception, je ne sais pas, lorsqu’il a remarqué que j’étais Spasoïen. En fait, maintenant que j’y repense, les amis avec qui je suis aujourd’hui ne m’ont jamais fait la remarque sur mon ethnie, je me demande toujours pourquoi. J’ai quand même une peau légèrement plus mate et des yeux assez allongés par rapport aux autres, mais à part le Capitaine, personne n’a semblé accorder de l’importance à mon ethnie. Cela veut-il donc dire que la nouvelle génération est plus ouverte au multiculturalisme ? Je ne saurais sûrement jamais.

Je reprends où j’en étais, le Capitaine m’a donc officiellement nommé dragonnier, protégé par la couronne de Tokjeria, fidèle ami des dragons et de leurs maîtres. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi heureux que cette soirée. Tellement heureux en effet que j’ai même pardonné à ma famille et j’ai allumé un cierge en faisant la traditionnelle prière pour fêter la Comedoraño, que je fête tous les ans encore, même si je n’ai jamais revu ma famille. J’ai cru il y a deux ans apercevoir mon frère à la Fête des Dragons, mais je n’ai pas eu le courage d’aller lui parler. Peut-être qu’un jour j’accepterais ce que j’ai fait pour accomplir mon rêve. Mais je suis tout de même content d’avoir tout abandonné, car c’est pour une raison noble, j’ai pu rencontrer ainsi Lalyby, qui reste malgré tout quelqu’un dont je ne peux me séparer.

Mais je me perds dans mes pensées, il faut que je trouve un moyen de cacher notre fuite. Qu’est-ce qu’a voulu dire Lalyby en me disant qu’il y avait une porte de sortie encore ?

‘‘Mais tu es stupide, ma foi ! Je parlais évidemment de la magie ! Tu n’as de toute façon aucune autre issue, j’ai eu le temps de réfléchir pendant que tu voguais dans tes pensées.’’

Pas faux, elle a un point. Mais la magie, c’est impensable ! A moins qu’elle souhaite parler de… non… c’est sûrement ça… mais pourtant je me suis jurer de ne plus jamais le faire afin de m’intégrer…

‘‘Là, on parle non seulement de ta survie, mais surtout de celle de tes amis. De toute façon, tu ne reviendra sûrement jamais dans la société, alors qu’est-ce que ça change ?

– Tu as raison, mais je risque de créer plus de dommages que de faire des choses intelligentes, je ne l’ai pas pratiquée depuis sept ans !

– De toute façon c’est ça ou rien, essaye, on verra ce que ça donne.’’

Je soupire. Je vois parfaitement où il veux en venir. Je me relève et je vais dans la bibliothèque. Il n’y a personne à cette heure, comme c’est fermé à clef. Quand j’arrive devant la porte, je me téléporte de l’autre côté. Ouch… ça fait très longtemps que je n’ai pas pratiqué ce genre de magie. Je m’assois au centre de la salle noire dans laquelle est tracée un grand cercle magique à l’Encre de Solvejg, une encre invisible qui selon la légende proviendrait du sang de ce personnage mythique. C’est moi qui l’avais tracé lorsque j’étais arrivé, car je savais que j’en aurais besoin. J’ai tracé un cercle magique du tiers 5, un tiers très puissant, dans laquelle je peux concentrer ma magie.

Je me concentre. Je sens les flots ténébreux s’agglutiner sur le cercle magique comme je les capte de ce point stratégique. En effet, la bibliothèque est l’épicentre des forces ténébreuses de la ville. A chaque mauvaise action, à chaque mauvaise pensée, on laisse un peu de flots ténébreux, et dans une ville comme la capitale, ces flots sont très nombreux, mais il reste à savoir comment tous les capter. J’avais alors calculé lors de mon arrivée le centre exact de la ville, et il était sur la bibliothèque. Ainsi, c’est de la bibliothèque qu’on peut capter le plus d’énergie pour n’importe quelle incantation.

Je me sens flotter. J’utilise alors mes flots internes pour pouvoir former des personnes. Huit pour être exact. Je vais créer grâce à la magie noire des copies de nous huit pour pouvoir simuler notre présence le temps d’être assez loin. Mais je ne peux pas me permettre de leur dire cela. Il va falloir que je leur dise quelque chose d’assez crédible pour être pris comme la vérité. Ça tombe bien, je suis expert dans ce domaine. Je n’ai qu’à leur dire que… avoir une nouvelle donne des raisons faciles. Et au pire, j’improvise.

Je sens les flots s’agglomérer pour créer huit formes. Quand ces formes finissent par se stabiliser, j’ouvre les yeux et me remets debout. Il y a une copie parfaite de nous huit, qui restera tant que le cercle magique sera activé. Mais s’il reste activé, alors les personnes qui iront dans la bibliothèque se rendront compte qu’il y a un cercle démonique ! Je n’y ai pas pensé ! Oh, c’est mal… Mais je peux faire un lien du sang… Oui, c’est la seule solution. C’est ce que je vais faire.

Je matérialise grâce à la magie noire un couteau – car il ne faut des cercles magiques que en cas de grande incantation – et je me coupe sur la cuisse droite. La blessure picote et me fait mal, mais il faut souffrir pour faire de grandes choses. Je penche la cuisse droite au-dessus du centre du cercle magique et des gouttes de sang tombent dedans. A chaque goutte qui atteint le cercle, il y a comme une brûlure sur ma blessure, mais heureusement cela s’arrête bientôt.

Je regarde ma cuisse. Désormais un cercle de magie noire est apparue en violet et ma peau aux alentours est devenue noire. Je sais que cette dernière chose est définitive, mais je saurais que je l’ai fait pour la bonne cause. Il faut simplement le cacher aux autres, car le révéler serait inacceptable. Ils me prendraient tous pour un sorcier – ce qui n’est pas totalement faux en fait – et me rejetteront, se souvenant que les Spasoïens sont connus pour leur utilisation de la magie noire, appelée chez nous la ‘‘Nal Sereño’’, ou Pouvoir des Nals.

Il ne reste plus qu’à sortir de la Dragonnerie et de mettre mes clones en actions. Je leur ordonne d’agir comme on le ferait, et ils disparaissent tous, se téléportant sûrement à un endroit où ils seraient et où ils sont à l’abri des regards. J’ordonne simplement à mon clone de se mettre dans moi, le temps que je m’enfuis.

Je me téléporte donc hors de la bibliothèque, et je marche rapidement jusqu’à l’Écurie. Arrivé à destination, il n’y a heureusement personne, et donc j’en profite pour m’enfuir, laissant mon clone à l’écurie, lui donnant les mêmes instructions qu’aux autres.

‘‘Eh bien, finalement c’est moi qui avait raison !

– Oui, je sais, pas la peine d’insister dessus.

– Oh, tu sais que j’aime bien me jeter des fleurs ! Plus sérieusement, ça va, tu ne t’es pas fait trop mal ? Je t’ai senti te blesser, une belle coupure. Qu’est-ce qui s’est passé ?

– Je me suis coupé volontairement afin de pouvoir garder le cercle magique aussi longtemps que possible.

– Je vois. Un lien du sang, n’est-ce pas ?

– Exact, tu apprends vite !

– C’est pas comme si tu venais de me polluer mes pensées avec tout plein de magie noire…

– T’avais qu’à pas suggérer cette option ! J’en avais pas fait depuis longtemps !

– J’ai dis que c’était la seule option qui restait de viable, j’ai pas dis que je voulais que tu la prenne.

– Tu le sous-entendais.

– Tss… Arrête de comprendre des choses que j’ai même pas sous-entendu.

– Arrête d’avoir raison, c’est énervant.

– Tiens-toi bien, on arrive, je sens l’aura de Azay qui m’appelle. Arrêtons de discuter de cela, sinon ils vont se rendre compte du mensonge que tu leur fera gober.

– Concentre-toi au lieu de te moquer de moi, sinon on va se prendre un arbre.

– J’ai sept ans, je sais voler, je te rappelle !”

Notre discussion s’achève sur cela. Je peux voir le reste du groupe. Ca me dérange de leur mentir, mais il vaut mieux pour eux, sinon tout ira mal. Que ce soit pour moi ou pour eux, un rejet de ma personne ou, j’y pense, une tentative de surutilisation de mes pouvoirs, cela fera plus de mal que de bien. Bon, il est temps de reprendre mon personnage habituel, sinon ils vont se douter de quelque chose si je reste pensif.

‘‘C’est bon les gars, on peut partir, ils ne nous grillerons pas avant au moins 4 jours, et d’ici-là, on sera déjà loin !’’